La Conscience
L'étymologie du mot « conscience » révèle sa richesse : cum scientia signifie « avec connaissance ». Ce terme possède deux sens principaux : le savoir de soi et la conscience morale.
Cette dualité nous amène à une question fondamentale : Qui dit « je » quand je dis « je » ? Cette interrogation traverse toute l'histoire de la philosophie moderne et contemporaine.
I – L'âme, la pensée et la conscience
A/ Descartes et le cogito
« Je pense donc je suis »
Discours de la méthode, 1637
Pour Descartes, la conscience constitue une saisie immédiate de la pensée. Cette formule célèbre établit le fondement de sa métaphysique en partant du doute.
Question centrale : peut-on douter de tout ?
La méthode du doute
Descartes développe un doute hyperbolique, méthodique, volontaire, radical et extrême pour trouver quelque chose qui résiste au doute. Cette démarche constitue le fondement de sa métaphysique.
Préjugés
Le relatif culturel doit être mis en question
Les sens
« Les sens nous trompent »
Méditations métaphysiques
Les choses matérielles
Leur existence peut être mise en doute
La raison
Les vérités mathématiques, les paralogismes
Le rêve
Comment distinguer rêve et réalité ?
La folie
Méditation première
Conscience et âme chez Descartes
B- Métaphore du panier : tout jeter, pour repartir de zéro
Question centrale :
Que reste-t-il après avoir douté de tout ?
Pour Descartes, l'âme constitue une substance pensante (res cogitans). Il établit une distinction fondamentale entre :
  • Substance pensante (pensée°)
  • Substance étendue (matière)
Question : suis-je uniquement une chose pensante ?

° Principes I.9 : « par le nom de pensée, j'entends tout ce qui se fait en nous de façon que nous soyons conscients, et pour autant que nous en ayons conscience »
Problème au sein du cartésianisme
C- Le solipsisme
(solus: Seul et ipse: soi-même)
Le problème du solipsisme
Comment sortir de soi-même ? Risque d'être seul avec soi-même
Difficulté d'unir âme et corps
Comment deux substances distinctes peuvent-elles interagir ?
« comment l'âme de l'homme peut déterminer les esprits du corps, pour faire les actions volontaires (n'étant qu'une substance pensante) »
Princesse Élisabeth de Bohême « critique » Descartes (1647)
Question : suis-je toujours conscient ?
II- Positions philosophiques opposées
Mise en place du problème d'une pensée dualiste
A/ La position spiritualiste
Immatérialisme de Berkeley
« Être, c'est être perçu »
Esse est percipi, 1710
Pour Berkeley, la réalité dépend entièrement d'une conscience percevante. Cette position radicale remet en question l'existence du monde matériel indépendamment de la perception.
Question centrale : les choses existent-elles en dehors de moi ?
B/ La conscience serait-elle uniquement corporelle ?
01
Matérialisme et neurosciences
Le câblage neuronal détermine-t-il nos pensées ?
02
Conscience = produit du corps et du cerveau ?
Une approche purement matérialiste de la conscience
03
Monisme matérialiste
Le déterminisme biologique explique-t-il tout ?
Question : suis-je libre si je ne suis que matière ?
Implication problématique : la liberté humaine
C- Un problème cartésien : l'opposition de la conscience réfléchie et de la conscience immédiate (récapitulatif)
III – Leibniz et les petites perceptions
A- Passage de l'inconscience à la conscience obéit à la loi de continuité
Il y a des degrés dans la conscience. Leibniz développe l'idée d'une conscience graduelle, un continuum du sommeil à l'éveil.
« On ne dort jamais si profondément qu'on n'ait quelque perception »
Leibniz
1
Exemple du bruit de la mer
Nous percevons le bruit général sans distinguer chaque vague individuellement
2
Les petites perceptions
Des perceptions inconscientes qui s'accumulent pour former la conscience
Problème : peut-on penser sans être conscient ?
Il y a des degrés dans la conscience.
La phénoménologie et Kant
Leibniz peut être lu comme un précurseur de la phénoménologie
B- Les cogitata
Toute conscience est conscience de quelque chose (il faut des cogitata au cogito)
Distinction fondamentale : conscience de soi / connaissance de soi (Kant XVIIIe)
« Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations »
Critique de la raison pure
Question : le « je pense » suffit-il à me définir ?
Conclusion
Descartes
conscience = pensée immédiate
Berkeley
être = être perçu
Matérialistes
conscience = produit du corps
Leibniz
petites perceptions = « non-conscient : inconscient (≠ Freud) »
Kant
conscience = rapport au monde, synthèse
Fiche d'exercices – La conscience
Question 1
Expliquez la formule « Je pense donc je suis » (Descartes).
Corrigé : Elle exprime que la pensée est indubitable et fonde la certitude de l'existence.
Question 2
Peut-on penser sans être conscient ? (Leibniz)
Corrigé : Oui, avec les « petites perceptions » inconscientes qui préparent la conscience.
Question 3
Le « je pense » suffit-il à définir l'homme ? (Kant)
Corrigé : Non, la conscience est rapport au monde, elle ne peut être réduite à un pur sujet isolé.